Conseils stratégiques et pratiques aux chômeurs
J’ai travaillé 27 ans en entreprise dont les 12 dernières années en tant que Responsable Ressources Humaines et Organisation.
Je viens de passer plus de 2 ans au chômage et j’ai beaucoup observé et analysé notre modèle social et marché de l’emploi du point de vue de la dimension humaine. Cela a m’a incité à initier l’action Agence des Talents Disponibles, que j’ai lancée en juin dernier en écrivant 3 articles sur le blog :
Regard sur la situation de l’emploi
les besoins essentiels de l’humain au travail
Je fais le rêve pour l’emploi
J’ai décidé d’écrire 2 articles spécifiquement pour vous, demandeurs d’emploi :
Le recrutement… pensé autrement
et celui-ci, destiné à vous donner quelques pistes, conseils stratégiques et pratiques, pour guider vos choix et vous aider à vous valoriser au mieux, vous et votre offre de services.
Je sais à quel point une situation de chômage peut être difficile à vivre, notamment parce-que :
- Nous devons vivre avec une menace plus ou moins pressante de précarité.
- Le regard de la société fait peser sur nous une étiquette de « looser » à laquelle il est difficile d’échapper et qui, par moments, « plombe » notre confiance.
- Et si nous avons plus de 50 ans, nous cumulons les handicaps pour accéder à l’emploi.
Pourtant, une période de chômage peut aussi être une super opportunité de prendre du recul, faire le point sur les priorités de votre vie, sur votre parcours, vos envies, vos possibilités d’évolution et peut être bâtir un nouveau projet professionnel avec ou sans formation complémentaire, peut être même en indépendant.
Vu le temps que nous passons au travail et les incidences santé lorsque nous le vivons mal, il est vraiment essentiel de s’y pencher plusieurs fois dans sa vie professionnelle (par exemple en réalisant un bilan de compétences ou équivalent).
Avant de vous donner des conseils détaillés pour votre curriculum vitae et lettre de motivation, je souhaite juste parler des boulots alimentaires.
J’ai malheureusement constaté que beaucoup de demandeurs d’emploi ont tellement peur de la précarité qu’ils acceptent vite de se déprécier c’est-à-dire d’être embauchés bien en-dessous de leurs qualifications, voire d’exercer un métier totalement différent pour signer un contrat de travail de type « boulot alimentaire ». Cela peut être nécessaire mais idéalement sur du court terme en attendant mieux.
Je souhaite juste vous alerter à ce sujet et vous donner le point de vue d’un responsable RH. Si vous avez un profil « études supérieures » et même autrement, il est fortement conseillé d’avoir une stratégie dans votre parcours professionnel. Par rapport à vos études, chaque expérience va enrichir, valoriser votre profil ou le déprécier. Face à un recruteur, vous aurez à expliquer chacun de vos choix. Les recruteurs ont une nette tendance à vite cataloguer les personnes : soyez donc attentif à ne pas cumuler des expériences très spécialisées restreignant votre profil ou lui faisant prendre une orientation qui risque d’être assez définitive.
A apprécier au cas par cas mais il me semble utile de vous sensibiliser sur ce point.
En tout cas, je suis convaincue que les demandeurs d’emploi sont dans l’ensemble courageux et qu’ils n’hésitent pas à se remettre en question pour s’adapter.
En revanche, la plupart des demandeurs d’emploi ne savent pas suffisamment valoriser leur offre de services, notamment parce qu’ils ne prennent pas toujours conscience de leur valeur ni de ce qui est valorisant ou non dans leur dossier de candidature.
Et de ce fait, ils ne sont pas en confiance et ne savent pas bien « se vendre ».
Avant toute chose, je vous conseille de commencer par faire un inventaire le plus complet possible de vos atouts, de votre valeur humaine et professionnelle, comme suit :
Prendre conscience de la valeur humaine de qui vous êtes : une combinaison unique de :
- Qualités humaines (lister vos principales, avec l’aide d’autres personnes si besoin)
- Talents spécifiques (ce que nous faisons avec facilité de façon remarquable, mieux que les autres ; c’est généralement le regard des autres qui nous en fait prendre conscience)
- Connaissances et compétences acquises dans les études et formations, la vie professionnelle, la vie personnelle, la vie associative, certains voyages/séjours à l’étranger
- Potentiels à développer (créativité, aptitudes pour exercer un autre métier…)
Quels sont vos domaines d’intérêt ? vos valeurs ?
Au service de quoi voulez-vous mettre la richesse de qui vous êtes ?
Ceci est très important car si vous travaillez dans une activité bien en phase avec vos priorités dans la vie, vous augmentez significativement vos chances d’être en pleine santé et épanoui dans votre travail, quel qu’il soit.
Accordez-vous du temps pour réfléchir en ces termes :
- Qu’est-ce que j’aime faire ? ou que j’aimerais faire comme activité(s) professionnelle(s) ?
- Dans quel environnement ?
- Au service de quel type d’activité ? qu’est-ce qui me tient à cœur : cause, valeurs ?
- Comment le ferais-je ? Imaginez-vous en situation.
L’employabilité est la capacité d’un salarié à obtenir ou conserver un emploi, dans sa fonction ou dans une autre fonction, à son niveau hiérarchique ou à un autre niveau. Cette notion, importante pour la personne à la recherche d’un nouvel emploi, comprend plusieurs critères dont les principaux concernent pour beaucoup son adaptabilité, par exemple :
– ses aptitudes à acquérir de nouvelles compétences
– ses aptitudes à la mobilité fonctionnelle et géographique.
Concernant l’employabilité, le choix peut s’opérer entre 2 principales stratégies :
Profil passe-partout : profil classique par rapport au poste/métier visé
Avantage : a priori plus facilement embauché.
Inconvénient : pas ou peu de valeur ajoutée par rapport aux standards du poste, rémunération souvent minimale et le risque dans certaines entreprises d’être considéré comme « marchandise interchangeable ».
Profil ayant développé des spécificités (ex. « mouton à 5 pattes »)
Pour vous démarquer sur le marché de l’emploi, obtenir un meilleur salaire et ne pas être facilement interchangeable, je vous conseille de prendre conscience de vos talents spécifiques, de vos domaines d’excellence et de vos potentiels, et de développer des spécificités pour avoir un profil plus riche que la moyenne (double ou multi-compétences, langues étrangères, excellence informatique-web…), susceptible d’apporter une réelle valeur ajoutée à l’entreprise qui vous emploie. Ainsi votre curriculum vitae « sortira du lot » et si l’employeur est intéressé par vos spécificités, vous pourrez obtenir un meilleur salaire. Les profils rares sont généralement bien valorisés s’ils correspondent à un besoin.
Enfin, je vous conseille vivement de montrer la richesse de qui vous êtes en renseignant bien la rubrique « centres d’intérêt, loisirs, talents spécifiques, activités bénévoles » sur votre CV : si vous avez des engagements associatifs et/ou pris des responsabilités pendant vos études ou après, n’oubliez pas de les mentionner. Ainsi que vos séjours à l’étranger. De même pendant un entretien d’embauche.
A compétences égales, un employeur aura tendance à choisir son salarié en fonction de sa personnalité, de son parcours de vie ou de centres d’intérêt communs.
Construire un curriculum vitae de base pour vous, le plus riche et le plus étendu possible (voir Modèle CV Agence Talents Disponibles). Ceci sera votre modèle de base, à adapter ensuite selon les objectifs visés.
Des CV plus restreints, plus ciblés selon les postes auxquels vous postulez.
1 ou plusieurs CV dans les CVthèques (Pôle Emploi, recruteurs, intermédiaires).
1 CV sur les réseaux sociaux professionnels, Viadéo et pour certains Linked’In.
1 CV en ligne sur www.doyoubuzz.com (ensuite lien vers ce CV)
Veillez à la cohérence entre tous vos documents de présentation professionnelle.
Concernant les rubriques du CV, je vous conseille de ne pas tricher mais de ne pas vous sous-estimer non plus.
Voici l’état d’esprit que vous devez avoir en construisant votre CV : vous êtes sûr(e) de vos (domaines de) compétences que vous présentez au mieux avec à l’appui vos principales réalisations ; vous n’avez pas à justifier le fait que vous savez aussi faire ce qui est par ailleurs induit par le poste.
Exemple simple pour illustrer : si vous dites que vous êtes maman en postulant dans une crèche, on ne vous demandera pas si vous savez changer un bébé ou donner un biberon ; cela va de soi.
Si vous avez un domaine d’excellence, n’hésitez pas à le mettre en avant.
« Domaines de compétences ou compétences + réalisations principales » ne doit pas être confondu avec « liste de tâches ».
Exemple : si vous prétendez avoir une expérience en tant qu’assistante de direction, indiquer des mots aussi basiques que « frappe du courrier », « classement », « tenue d’un agenda », « saisie des commandes » dévalorise et même discrédite votre candidature, car ces mots correspondent davantage au profil d’un agent administratif et ne sont pas des compétences mais des tâches.
Recherchez les mots qui valorisent votre profil. Exemple : multi-compétences est plus valorisant que multi-tâches ou polyvalente qui peut facilement être interprété comme « bonne à tout faire ».
La lettre de motivation : souvent, les demandeurs d’emploi commencent leur lettre par une phrase (généralement élogieuse) sur l’entreprise et son activité. Personnellement, je n’aime pas du tout car cette phrase n’est pertinente et n’a un réel intérêt qu’une 1 fois sur 10. Dans le reste des cas, c’est une phrase ultra-banale « pompée » sur le site web ou une information non représentative, fausse ou mal analysée ; donc dans 9 cas sur 10, elle déprécie plutôt votre lettre.
Je conseillerais plutôt quelque chose de simple du style : « Votre annonce parue… a retenu toute mon attention. En effet…. » : ensuite argumentez comme suit :
La lettre de motivation doit principalement faire ressortir :
- L’adéquation entre d’une part ce que vous êtes (qualités humaines), ce que vous souhaitez et savez faire (compétences, talents, potentiel) et d’autre part les besoins exprimés par le recruteur dans le descriptif du poste à pourvoir.
- Et si c’est le cas, votre valeur ajoutée c’est-à-dire votre « plus » par rapport à d’autres candidats, même si cette valeur ajoutée va au-delà de ce qui est requis pour le poste.
La recherche d’un emploi : Je ne m’attarde pas sur les moyens classiques (y compris les alertes que vous pouvez configurer selon le type de postes que vous recherchez) car ce sont des informations qui sont disponibles partout.
Beaucoup d’emplois (plus des trois-quarts semble-t-il) sont dans ce que l’on appelle le « marché caché » c’est-à-dire que les recrutements se font sans passer par des annonces via les intermédiaires habituels (Pôle Emploi, agences d’intérim et cabinets de recrutements…) ; ces offres ne sont accessibles qu’en interne et par réseaux, connaissances, bouche à oreille, d’où l’extrême importance de cultiver ses réseaux personnels et professionnels.
N’hésitez pas à rejoindre les associations de demandeurs d’emploi de votre ville, ou à vous rapprocher de toute organisation susceptible de vous aider.
Ne négligez pas non plus de mettre en place des profils de veille, classiques ou plus novateurs via Twitter par exemple, et de visiter les pages Facebook et sites web des entreprises où l’on peut quelquefois glaner des informations fort utiles.
Soyez curieux, ouvert, confiant et persévérant dans vos investigations.
L’entretien d’embauche :
Je sais qu’il n’est pas évident de se sentir à égalité face au recruteur, et que l’enjeu contribue grandement au stress.
Je vais vous confier quelque chose qui va peut-être vous aider à voir les choses autrement : lors de l’entretien, votre principale mission est :
de vérifier que vous êtes en adéquation avec le poste à pourvoir : comment le sentez-vous ? est-ce que vous y voyez déjà avec enthousiasme ? est-ce plusieurs points vous font sentir que ce n’est pas pour vous ?
Et si vous vous sentez en phase avec le poste à pourvoir dans son contexte, de rassurer-convaincre le recruteur sur 3 points :
- que votre candidature correspond bien à son besoin (argumentez).
- Deuxièmement, que vous avez les capacités à vous adapter si besoin, de faire des choses différentes de ce que vous avez déjà fait. Notamment que vous avez la curiosité d’apprendre et les capacités d’acquérir les points qui vous manqueraient à ce jour.
- Enfin, que vous pouvez sans problème intégrer l’équipe déjà en place (intérêt de connaître l’esprit maison, le projet global d’entreprise et toutes autres infos pertinentes qui montrent que vous vous êtes intéressé à l’entreprise)
Pour préparer votre entretien, je vous conseille fortement de vous imaginer en situation dans le poste comme si le contrat était signé et que vous alliez commencer la semaine prochaine. Du coup, vos interrogations et inquiétudes ne vont pas porter sur « est-ce que je vais être embauché(e) ? » mais sur « de quoi ai-je besoin comme information pour commencer à travailler et être opérationnel rapidement ? »
Voici l’état d’esprit que vous devez avoir en arrivant en entretien d’embauche : naturel et si possible confiant pour 2 (afin de rassurer) ou aussi confiant que vous pouvez l’être dans votre valeur et vos compétences (d’où l’intérêt d’en avoir d’abord bien pris conscience en faisant le « CV pour vous »).
La situation idéale pour ne pas être déstabilisé, c’est quand le recruteur vous laisse la parole. Si c’est le cas, gardez la et conduisez l’entretien en argumentant (et non en justifiant) comme suit :
- Montrez que vous avez compris les besoins exprimés par le profil de poste à pourvoir.
- Imaginez-vous en situation et n’hésitez pas à poser des questions comme si vous alliez prendre ce poste, notamment sur l’environnement et les principales conditions de travail : l’équipe, le matériel, les logiciels… avec lesquels vous allez travailler : ça fait professionnel et opérationnel !
- Argumentez tranquillement sur l’adéquation entre ces besoins et ce que vous pouvez offrir à travers vos compétences et autres, en insistant sur vos points forts si approprié.
- Vous pouvez aussi (sans trop diverger) parler de ce que vous avez compris de l’entreprise et de ses activités montrant ainsi votre intérêt, et poser des questions complémentaires. Vous n’êtes pas censé tout savoir.
Si vous vous voyez déjà en situation de travail argumentant tranquillement et avec pertinence, il a fort à parier que le recruteur vous y verra aussi, prêt à l’action et motivé.
Dernière chose : il est souvent plus facile d’obtenir un salaire correct à l’embauche qu’après. Suivant votre estimation de la valeur de votre profil vis-à-vis du poste à pourvoir, essayez d’argumenter et sinon, essayez de négocier une ré-étude de votre salaire après une période de probation, par exemple 6 mois.
Je souhaite que ces quelques conseils stratégiques et pratiques vous aident à prendre conscience de votre valeur humaine et à mener avec confiance vos démarches pour retrouver un emploi.
Meilleurs souhaits de succès pour chacun d’entre vous !
Si vous trouvez cet article intéressant et pertinent, relayez l’information autour de vous !
D’autres informations seront diffusées ultérieurement. A suivre sur :
Amélioration de l’emploi et de la vie professionnelle
Page Facebook Agence des Talents Disponibles
Notamment concernant les rencontres « coup de pouce » aux chômeurs.
Écrit par Corinne TUAL pour Flamme de Vie © Août 2013
Flamme de Vie, catalyseur du changement positif pour l’humain
3 réponses à « Main tendue » aux chômeurs